La Responsabilité Sociale des Entreprises dans le secteur de l’immobilier mauricien

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Le secteur de l’immobilier mauricien est, depuis plusieurs années, impliqué dans le plan de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) ou Corporate Social Responsibility (CSR). La création d’un fonds RSE, devenue obligatoire en 2009 suite à une loi du gouvernement mauricien, représente une source de financement conséquente des projets sociaux et environnementaux portés par de nombreuses Organisations Non Gouvernementales (ONG) et par les programmes d’aide.

Comment fonctionne le RSE ?

Pour comprendre le fonctionnement de la RSE, il est important de souligner que ses lignes directives sont difficiles à appliquer car les trois éléments-moteurs de la gestion des fonds sont le gouvernement, le secteur privé et la société civile, avec une collaboration étroite des ONG. La difficulté est, en effet, de trouver des dénominateurs communs entre trois secteurs qui ne fonctionnent pas avec les mêmes objectifs. Dès 2009, la Fédération Mauricienne des Employeurs (MEF) créa le National Corporate Social Responsability Commitee (NSCRC) afin de promouvoir le projet à Maurice. D’abord réticente face à cette loi, la MEF l’avait au départ contrée (car le critère d’obligation allait à l’encontre des fondements mêmes de la RSE, donc « des initiatives positives et volontaires dans des domaines divers, telles que le domaine social, économique et environnemental, et allant au delà des obligations légales » (The MEF Newsletter, n°12, 2009)), avant d’y adhérer. Lancée en 2016, la National Corporate Social Responsibility Foundation a remplacé le NSCRC et sera désormais responsable de la gestion d’une partie des investissements récoltés.

La spécificité du cas mauricien

La particularité de Maurice est qu’outre le fait d’être obligatoire, le fonds de la RSE doit être utilisé selon un cahier des charges du gouvernement. En effet, les entreprises se doivent de financer des zones de développement social spécifiques et, si l’objectif, n’est pas atteint, le fonds restant reviendrait aux autorités des impôts. Les secteurs d’action prioritaires à Maurice, définis par le Budget de 2016-2017, sont :

  • Les problèmes de santé liés à l’usage abusif de drogues et aux carences sanitaires ; l’aide éducative aux familles répertoriées dans le Registre Social de Maurice ;
  • La protection de la famille et des victimes de violences domestiques ;
  • La réduction de la pauvreté et le développement de logements sociaux auprès des familles du Registre Social de Maurice ;
  • Le soutien aux personnes ayant de lourds handicaps.

Le Budget a également modifié les barèmes d’investissement et les entreprises doivent désormais contribuer à hauteur de 50 % de leur fonds RSE à la CSR Foundation (c’est à dire, 2% du revenu imposable) au lieu des 75% préalablement annoncés. Le reste pourra être géré par les entreprises à leur discrétion pour financer leurs propres projets RSE.

L’implication environnementale du secteur de l’immobilier

Concernant le secteur de l’immobilier, les contributions peuvent être nombreuses mais la pierre angulaire reste globalement une promotion des “green building initiatives” et de “sustainable buildings”. Dans le livre Corporate Real Estate Asset Management : Strategy and Implementation, Barry P. Haynes et Nick Nunnington parlent de ces bâtiments-écolos qui réduiraient les impacts néfastes sur les infrastructures elles-mêmes, sur l’environnement naturel et, plus largement, aux niveaux régional et international. Le secteur immobilier peut, de ce fait, contribuer aux initiatives environnementales de la RSE en réduisant les déchets et les émissions, ce qui diminueraient conséquemment les coûts organisationnels. Un autre aspect de la RSE est aussi de maintenir la bonne réputation des entreprises afin d’avoir plus de clients et de procurer un environnement propice de travail à leur personnel. Un sondage effectué par Gensler en 2006 a montré que les directeurs immobiliers pensaient que 20% de leur consommation courante pourrait être économisés si les bâtiments étaient construits dans une perspective d’efficacité énergétique (environ jusqu’à 122 millions de livres sterling par année). Les développeurs immobiliers, quant à eux, considéraient qu’ils pouvaient faire une économie de 155 millions de livres par année.

Quelques projets RSE du secteur immobilier mauricien

À Maurice, le secteur de l’immobilier est impliqué dans le RES (Real Estate Scheme) depuis 2007, deux ans avant la promulgation de la loi de 2009, à travers les 22 projets Integrated Resorts Schemes (IRS). Ces derniers sont soumis à des obligations imposées par le gouvernement. Entre autres caractéristiques, ces projets, construits sur des terrains agricoles appartenant aux propriétaires sucriers, se doivent d’afficher une tendance pour le design écologique et doivent se situer dans des régions défavorisées. Le taux de paupérisme de ces régions est calculé par le Relative Development Index (RDI) qui prend en compte des variables telles que l’accès à l’eau et à l’électricité, le type de logement, le niveau d’étude académique et le taux de chômage des habitants de ces régions. Afin de réguler la cohabitation entre les acheteurs de propriétés de luxe et les locaux en difficulté, le gouvernement mauricien impose ainsi le dépôt d’un projet de développement social du territoire (afin de promouvoir des infrastructures physiques et sociales) à tout nouvel investisseur IRS.

De grands groupes immobiliers sont aussi activement impliqués dans le RSE à Maurice, à l’instar d’Azuri qui a fait le choix de se placer dans le créneau de la formation professionnelle, plus spécifiquement en parrainant 7 professionnels à la formation de la Foundation on Coastal and Marine Habitats of Mauritius (proposée par l’ONG ’ Reef Conservation). Le groupe vise ainsi à “valoriser l’environnement marin pour un développement durable” et projette déjà le parrainage d’autres professionnels. Le groupe Rogers s’est, quant à lui, impliqué dans un projet d’aide social de Villas Valriche en organisant un forum des métiers le 6 mai dernier. L’objectif était de faire la promotion de l’employabilité auprès des habitants de Bel Ombre. Travaillant déjà en collaboration avec la Bel Ombre Foundation For Empowerment, les Villas Valriche sont parties prenantes du développement de la région sud.

Beaucoup d’autres groupes sont impliqués dans le RSE, montrant que l’immobilier mauricien a aussi à coeur le développement humain et le bienêtre social.

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