Quand l’Etat mauricien se prend pour Robin des Bois

publié le

anahitaLes superbes ensembles immobiliers édifiés dans le cadre de l’IRS (Integrated Resort Scheme) et accessibles aux étrangers représentent une manne financière et une contribution sociale.
L’opération Anahita, initiée par le groupe CIEL sur la côte est de l’île, est l’une des plus importantes à ce jour. La privatisation du littoral mauricien par le biais des IRS a un prix. Les promoteurs doivent mettre la main au pot pour bénéficier du privilège de la vente de ces villas « pieds dans l’eau ».

La contrepartie ? Assumer un rôle social et fournir des prestations - infrastructures notamment - dont l’Hôtel du gouvernement n’a pas les moyens. Depuis juillet 2007, la prise en compte des besoins sociaux des populations avoisinantes des territoires sur lesquels sont érigées les villas cossues est légalement impérative. Le concept est simple. Prélever une somme forfaitaire sur chaque villa IRS vendue, afin de constituer un trésor de guerre pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Chaque projet IRS détermine son théâtre d’intervention.

Les aggloméra¬tions rurales de Bel Ombre, Saint Martin, Baie du cap, Choisy, Beau Champ et Rivière des galets ont, par exemple, été retenues par les pro¬moteurs des 288 villas Valriche érigées à Bel Ombre, dans le Sud-ouest. Bel Ombre Foundation for Empowerment (BOFE) est la fondation maître d’œuvre des « bonnes actions » dans cette région. Elle sera guidée, dans cette voie, par la "boussole" mise au point par le Bureau central des statistiques (BCS). En effet, l’institut national de statistiques a développé un indice de développement relatif. Cet outil mesure le niveau de développement relatif de Maurice qu’il répartit en 145 zones.

La régionalisation de la RSE
Les 6 villages susmentionnés, repaires d’environ 6 000 âmes, figurent parmi les 15 régions les plus défavorisées du pays. Les taux d’alphabétisation y sont parmi les plus faibles de l’île. « C’est donc tout naturellement que nous avons mis l’accent sur la formation des résidents de ces zones ", explique Bernard Li, directeur général du BOFE. Deux cent mille roupies (environ 4500 euros), par villa cédée, serviront à financer ces œuvres sociales. Un budget prévisionnel de 1,2 million d’euros a été prévu sur cinq ans.

« La durabilité du développement de la région viendra inéluctablement d’une expansion économique structurée ", martèle M. Li. Son projet se décompose en quatre volets, à savoir : l’intégration sociale, la formation et l’employabilité, l’entrepreneuriat et l’environnement, et le développement des infrastructures. "Notre vision est de créer un environnement propice au développement du potentiel de chaque habitant du voisinage", soutient-il.

En 2008, le ministre des Finances Rama Sithanen s’est prononcé en faveur d’une « régionalisation de la responsabilité sociale des entreprises ». Citant les résultats d’une enquête de l’Empowerment Programme - programme d’autonomisation lancé par le gouvernement en 2005 - qui recense 229 poches de pauvreté, il propose le concours d’une entreprise chef d’or¬chestre dans chaque région, en partenariat avec les groupes associatifs qui y sont actifs, pour sou¬lager la misère locale. « Nous avions déjà régionalisé notre lutte contre la pauvreté, et ce depuis bientôt trois ans, dans l’ouest du pays. Notre projet d’intégration sociale régionalisé cible 16 poches de pau¬vreté sur les 229 dénombrées ", précise Sophie Desvaux de Marigny, responsable des projets sociaux du groupe Médine. « Cela représente 487 foyers vivant en dessous du seuil de pauvreté (soit moins de 4,000 roupies par mois) », poursuit elle. Médine développe dans le cadre de son plan directeur, s’étalant sur vingt ans (2005-2025), un vaste projet de société pour la région occidentale de l’ile. Ce plan, rédigé par une équipe de sociologues, urbanistes et architectes, est complètement intégré à la stratégie globale du déve-loppement foncier du groupe.

Source : L’Eco Austral - http://www.ecoaustral.com/
Article de Albert Kouda jr