« Une nouvelle catégorie d’acquéreurs se manifeste »

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Le Budget 2016-17 a redonné de l’espoir au secteur de l’immobilier. Pour Philippe de Beer, directeur de Park Lane Properties, il incombe désormais aux opérateurs de donner vie aux projets.

Quel est le mood des opérateurs depuis l’annonce des mesures budgétaires ?

Le discours du Budget a été très bien accueilli par les opérateurs et acteurs du secteur. Nous avons ressenti une vraie volonté de la part du gouvernement de faciliter l’accès à la propriété à une classe moyenne émergente, avec des réductions des droits d’enregistrement sur toute la ligne pour des projets proposant des unités à moins de Rs 6 millions. Le mood est relativement bon mais le challenge revient, bien entendu, aux promoteurs et opérateurs du secteur. C’est à eux de profiter de ces mesures pour concevoir des projets qui répondront à cette demande. Une des mesures phares était l’annonce d’élargir l’acquisition d’appartements dans des immeubles en Ground + 2 à des citoyens étrangers sans les restrictions qui existent aujourd’hui, c’est-à dire être en possession d’une autorisation d’occupation, n’acquérir qu’un seul appartement pour sa résidence principale, sans avoir le droit de le louer.

L’annonce d’élargir le droit aux non-citoyens d’acquérir plusieurs appartements, toujours dans des immeubles en Ground + 2, mais sans nécessairement être en possession d’une autorisation d’occupation et avec possibilité maintenant de pouvoir les mettre ensuite en location, a été très bien accueillie puisque cela répondait à une demande grandissante. Nous avons rapidement commencé à recevoir de nombreuses demandes en ce sens émanant des non-résidents qui aiment notre île, y passent déjà plusieurs mois de l’année, mais n’ont pas forcément pour l’instant l’intention de vivre ici plus de six mois par an. On ne réalise pas que cela a un effet très positif sur le développement de certaines régions de l’île et sur l’économie : les étrangers créent de l’emploi, dépensent et investissent. L’annonce laissait présager des retombées très positives en termes d’apports en capitaux étrangers et est susceptible de relancer la construction, avec les effets positifs sur l’économie qu’on connaît quand c’est le cas. Une nouvelle catégorie d’acquéreurs d’appartements a commencé à se faire connaître ces dernières semaines, pour des appartements (construits ou en vente sur plan) qui ne trouvaient pas nécessairement preneur. Cela a eu un effet très positif. La presse étrangère a commencé à relayer l’information et nous recevions de nombreuses demandes, et pas forcément, contrairement à ce qu’on peut penser, pour des propriétés très chères.

Il y a une offre très importante d’appartements sur le marché aujourd’hui, bien au-delà de la demande, et cela aurait été très positif pour le marché immobilier. « Une nouvelle catégorie d’acquéreurs se manifeste ». Le Budget 2016-17 a redonné de l’espoir au secteur de l’immobilier. Pour Philippe de Beer, directeur de Park Lane Properties, il incombe désormais aux opérateurs de donner vie aux projets. « Il y a pas mal de projets répondant à des demandes variées en prix, dans différentes régions »

Certains promoteurs qui n’envisageaient pas de concevoir des projets ont tout à coup vu les opportunités qui se présentaient pour répondre à cette nouvelle demande, ce qui encore une fois allait avoir des retombées positives sur les constructeurs et donc l’emploi dans ce domaine. Mais malheureusement, nous entendons ces derniers jours que le gouvernement pourrait revenir sur sa décision.

En ce moment, nous constatons un manque de projets immobiliers. Qu’en est-il ?

Au contraire, je vois qu’il y a pas mal de projets répondant à des demandes variées en prix, dans différentes régions. Mais la question qui nous intéresse est de savoir quels sont les projets sérieux, avec des promoteurs en qui on peut avoir confiance pour fournir une qualité satisfaisante en fonction des prix de vente proposés. Je crois que le débat est là. Nous voyons que les acquéreurs, quel que soit leur budget d’achat, sont de plus en plus prudents lorsqu’ils achètent sur plan puisqu’il y a eu des mauvaises surprises ces années passées.

Il y a une certaine perception que les autorités se concentrent trop sur les Smart cities, et ce au détriment de l’immobilier…

Non, je ne pense pas que ce soit un problème. Le rôle du gouvernement est de mettre en place des mesures pour aider certains secteurs de développement à prendre de l’envol ou aux grands chantiers importants à être mis en oeuvre. C’est ce qu’il a fait notamment en mettant en place la législation sur les Smart cities. Comme je l’ai dit plus haut, le gouvernement a annoncé des mesures pour booster le marché de l’immobilier destiné à la classe moyenne. Il a joué son rôle. C’est aux opérateurs de mettre en oeuvre les projets et les développer.

Dans quelle mesure la stagnation de l’économie affecte-t-elle le secteur ?

Une économie en pleine croissance a toujours une influence sur la santé du secteur de l’immobilier. Mais cela fait maintenant plusieurs années que nous savons que nous devons nous satisfaire d’une croissance de 3 à 4 %, ce qui reste tout à fait honorable pour une petite économie comme la nôtre qui est très influencée par l’Europe et les crises qu’elle traverse. Devant cette réalité, on doit se débrouiller et notre pays le fait très bien. On aurait pu se retrouver dans une situation beaucoup plus précaire. Notre pays continue à se développer, nos infrastructures s’améliorent année après année. Nous voyons des constructions partout dans l’île, que ce soit des constructions individuelles, de petits projets, ou même des projets d’envergure, privés et publics. On s’en sort pas mal.

Revenons à ce phénomène de classe moyenne émergente. Comment cette situation profite-t-elle au secteur de l’immobilier ?

Il y a aujourd’hui suffisamment de produits sur le marché pour répondre à la demande de cette classe moyenne émergente, qu’ils soient neufs ou anciens. Si on pouvait offrir à ces potentiels acquéreurs des produits immobiliers de qualité à des prix très intéressants et correspondant à leur budget d’achat dans les régions qu’ils recherchent le plus, on permettrait à beaucoup plus d’entre eux d’accéder à la propriété d’un bien immobilier. Mais c’est un challenge parce que le prix de la terre dans les régions recherchées n’est pas bon marché. De plus, si on veut offrir une qualité satisfaisante, les promoteurs seront obligés de vendre leurs unités à des prix dépassant les budgets de pas mal de ces acheteurs. Mais c’est possible.

Quels sont les projets qui sont commercialisés ces jours-ci par Park Lane Properties ?

À Park Lane Properties, nous attachons beaucoup d’importance à la qualité des projets que nous commercialisons. Il s’agit donc de s’associer à des promoteurs de qualité. Quand un client vient nous voir pour un projet, il sait que nous avons sélectionné avec précaution le projet que nous commercialisons. Cela dit, nous commercialisons actuellement des projets résidentiels dans le centre de l’île, à Ébène, dans l’ouest sur la montagne de Tamarin, et à Albion, entre autres. Nous commercialisons aussi différents projets destinés aux acquéreurs étrangers, qu’encore une fois nous sélectionnons avec attention, en fonction de la qualité du promoteur et de son équipe et de la compagnie de construction. Il ne s’agit pas juste de vendre un bien immobilier sur plan et disparaître dès la vente signée. Nous accompagnons nos clients jusqu’à la remise des clefs. « Une économie en pleine croissance a toujours une influence sur la santé du secteur de l’immobilier. »
 
 
 
 
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