Construction : Stagnation pour les maisons

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Alors que les opérateurs prévoient un boom dans la construction, notamment les projets d’infrastructures publiques, celle des maisons individuelles devrait stagner. Il semble que cela est dû davantage à l’absence d’incitation, surtout fiscales, qu’au manque de financement.

Ceux impliqués dans le secteur de la construction estiment que cette année encore, il n’y aura aucune progression concernant les maisons individuelles. Ce secteur est un très gros consommateur de ciment, soit 50% du stock annuel, qui est de 650 000 tonnes. Cela alors que de gros travaux sont prévus pour les bâtiments publics, les infrastructures, les routes ou encore l’aéroport.

Cette tendance suit celle de l’an dernier, quand la récession économique avait déferlé sur le monde, précisent des professionnels œuvrant dans ce secteur. Les raisons de cette stagnation sont multiples et sont liées en partie à un manque de mesures incitatives pour encourager les gens à construire, disent de nombreux constructeurs de maisons.

Jean Michel Giraud, directeur de la United Basalt Products (UBP), qui produit des blocs et d’autres matériaux de construction, est de cet avis. La cause principale selon lui : la décision du ministère des Finances de ne plus permettre de déduire des impôts les emprunts contractés auprès des banques et d’autres institutions financières pour la construction d’une maison. Mais il y a aussi le taux d’intérêt au remboursement qui est relativement élevé pour des familles dont les revenus sont moyens.

Selon lui, cela se fait sentir surtout auprès de la classe moyenne, chez qui normalement les constructions de maisons individuelles sont plus importantes. "Ils construisent une maison coûtant autour de Rs 3 m en général et il faut compter Rs 400 000 de TVA sur les matériaux de construction. Il faudrait revoir cela et venir de l’avant avec une formule plus allécharnte", devait-il souligner.
Jean Michel Giraud cite l’exemple de l’Australie où le gouvernement est venu de l’avant avec une prime pour inciter les gens à construire des maisons et ainsi relancer le secteur de la construction des maisons individuelles sur une grande échelle.

« Proposer une prime de Rs 300 000 à chaque nouveau couple ou une famille en quête d’une nouvelle maison est la solution idéale. Car le gouvernement va récupérer cet argent à travers la TVA sur les matériaux de construction », devait-il insister.
Bushan Ramloll, qui dirige une grosse compagnie de construction, est plus nuancé pour cette année. Il reconnaît qu’il y a eu effectivement stagnation dans ce secteur l’année dernière. Cependant, estime-t-il, la baisse des prix du ciment et d’autres matériaux de construction devrait créer un déclic. Mais cela ne pourra pas ressembler à l’époque où on construisait 2 000 maisons par an. L’année dernière, est-il estimé, environ un millier de maisons individuelles ont été construites. Ce sera un peu plus cette année, probablement quelque 25% de plus.

Bushan Ramloll indique que c’est vrai qu’en 2009, les banques ont un peu serré la vis au niveau des prêts en raison de la récession. "Elles craignaient ne pas pouvoir être remboursées." Mais cette année, avec des emprunts bancaires qui avoisinent les 6% et même des facilités au niveau de la Mauritius Housing Corporation, ce secteur aurait dû repartir. Les chiffres pour les deux premiers mois de l’année démontrent cependant que tel n’a pas été le cas, devait déclarer le directeur de la UPB.

Bernard SAMINADEN
Source : l’express du samedi 20 mars 2010