Construction d’un rond-point à Terre-Rouge. Avec l’augmentation de projets routiers, il existe une forte demande pour les ingénieurs civils.
ALORS même que les projets de constructions routières sont en pleine expansion, le manque d’ingénieurs civils se fait ressentirs. Cette question sera au centre des discussions lors de la semaine consacrée aux métiers de l’ingénierie, qui débute demain à l’université de Maurice « Nous avons de gros projets comme la Ring Road, l’axe Terre-Rouge/Verdun et le Dream Bridge. Malheureusement, nous manquons de ressources humaines, déclare Kadress Dorsamy, directeur général de la Road Development Authority (RDA). A Maurice, il est rare de trouver des ingénieurs civils ayant de l’expérience. Nous nous débrouillons avec des moyens restreints, ce qui nous pousse à recruter des ingénieurs n’ayant pas forcément beaucoup d’expérience et que nous formons sur le tas.
Il faut que l’université forme davantage d’ingénieurs civils, car les constructions routières vont s’étendre et durer encore vingt ans. » Il faut savoir que les études d’ingénieur civil durent quatre ans et requiert un excellent niveau en sciences. L’université de Maurice délivre chaque année 120 diplômes d’ingénieur dont une trentaine en génie civil. Un jeune diplômé doit avoir au minimum deux ans d’expérience avant de pouvoir s’enregistrer au Council of Registered Professional Engineers et exercer en tant qu’ingénieur professionnel. 750 ingénieurs sont actuellement enregistrés au Council of Registered Professional Engineers.
« Le génie civil est une filière prometteuse. Le manque de professionnels pousse les entrepreneurs à embaucher des ingénieurs étrangers. Mais d’ici quelques années, la tendance changera car de plus en plusd’étudiants s’intéressent au métier d’ingénieur civil », explique Kiran Bhujun, Registrar au Council of Registered Professional Engineers. Selon Virendra Proag, professeur associé au département de génie
civile de l’université de Maurice, la cuvée 2012 produira une centaine de nouveaux diplômés.
Cependant, dans le privé, l’expérience prime sur les qualifications universitaires, ce qui
pourrait expliquer l’ampleur de la pénurie dans les cabinets d’études et chez les entrepreneurs. « J’ai beaucoup de difficultés à trouver des ingénieurs civils avec de l’expérience. Les ingénieurs seniors ont presque tous immigré à l’étranger et les jeunes diplômés manquent d’expérience. Je préfère chercher les compétences ailleurs. J’ai récemment embauché trois ingénieurs sud-africains comptant dix ans d’expérience », indique Kishan Padaruth, directeur de Gibb Mauritius Ltd. Eddy
Seenyen, ancien ingénieur civil ayant 35 ans d’expérience et directeur de Sceneries Consult Ltd, est du même avis. « J’ai une équipe de sept ingénieurs civils qui ont roulé leur bosse. L’ingénieur chef supervise les jeunes et les forme. C’est un métier où l’expérience est un atout non négligeable. »
Elodie JOUENNE
L’Express du Mardi 06 Avril 2010
