Bureaux et centres commerciaux : Menace de saturation

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bureaux-centres-commerciauxBureaux et centres commerciaux poussent comme des champignons un peu partout dans l’île. Mais certains se demandent quelle sera la rentabilité de ces projets.
Maurice est devenue un vaste chantier et les immeubles de bureaux poussent comme des champignons. A Ebène, quelque 22 projets ont déjà été finalisés pour un investissement de Rs 5 milliards et une superficie de 180 000 mètres carrés.
Les tours de 1a Cybercity, Nexteracom, N.G Tower, B&S Tower et Raffles Tower 1, qui abriteront des espaces de bureaux pour les services financiers et le BPO, accueillent leurs premiers clients. Rien que pour cette année, 12 projets sont en cours pour un investissement de Rs 5 milliards et une superficie de 212 000 m2.
D’autres projets devraient sortir de terre cette année sur une surface de 250 000 m2. Une société comme Jade Group en est à la construction de son cinquième immeuble à la Cybercité. Le groupe Altima, lui, doit construire son troisième immeuble sur le même site.

Et pour le futur, les projets ne manquent pas. Business Parks of Mauritius Ltd (BPML) veut encore aller plus loin que la cybercité d’Ebène. Le groupe va investir Rs 200 millions dans la construction d’un pôle d’affaires dans le parc de Rose-Belle.
BPML prévoit aussi de lancer une nouvelle cybercité sur 50 hectares dans le cadre du projet gouvernemental de la nouvelle ville de Highlands. Le tout pour un coût estimé de Rs 500 millions. Enfin au Caudan, le groupe indienPatel Engineering veut développer un pôle résidentiel, commercial et hôtelier entre l’hôtel Le Suffren et les anciennes installations de chargement du sucre en vrac aux Salines.
Et il n’y a pas que dans l’immobilier de bureau que l’on s’agite. La frénésie touche aussi les projets dans la grande distribution. A Ebène, le groupe Four Equal Mauritius va dépenser Rs 20 milliards dans la construction de son centre commercial Mall of Mauritius, qui couvrira 53 000 m2, auquel s’ajouteront des hôtels et des bureaux. Shoprite aurait déjà signé.

A Réduit de chaque côté de l’autoroute M1, ENL Property développe un projet de 100 hectares qui comprendra un centre commercial, une cité dédiée à l’automobile, des bureaux et un espace pour l’industrie légère. La première phase, le centre commercial Bagatelle Mall of Mauritius, coûtera Rs 3,5 milliards. Ce projet, qui vient de recevoir la signature du sud-africain Pick n Pay, couvrira 35 000 m2 et abritera deux hypermarchés, des boutiques, six salles de cinéma, des restaurants et un hôtel d’affaires de 80 chambres.

Et les développements de s’arrêtent pas là. Médine va construire un supermarché à Flic-En-Flac. A Rivière-du-Rempart, le centre commercial riverside du groupe Mon Loisir est en train de sortir de terre. C’est aussi le cas du CenterPoint de Trianon développé par Comaprim. En outre, Winner’s Supermarket prévoit une deuxième unité à Flacq et les travaux du centre commercial d’Ebène Way sont déja bien avancés. Le marché du travail est le grand bénéficiaire de ces constructions tous azimuts. Le secteur devrait enregistrer une croissance de 5% cette année. A Ebène, l’ensemble des projets réalisés et en cours devrait concentrer plus de 19000 emplois. Mais des observateurs s’interogent sur la rentabilité de tous ces projets. Dans une étude sur le groupe Rogers, le courtierAxys Stock broking ltd remarque que la multiplication de l’offre d’espaces de bureaux et de centres commerciaux va entrainer une pression à la baisse sur les prix de l’immobilier commercial et le marché de la location.

La municipalité de Port-Louis vient d’en faire l’amère expérience en vendant à perte la Garden Tower au gouvernement. L’Explosion de l’offre de bureaux devrait par ailleurs entrainer une baisse des loyers qui se situent à Ebène aux alentours de Rs 45 le pied carré. Parallèllement, la multiplication des centres commerciaux pourrait amener la grande distribution à se lancer dans une guerre des prix afin d’attirer le chaland. Ce qui constituerait une aubaine pour le consommateur mais un casse-tête en matière de rentabilité pour les enseignes. Pour couronner le tout, les matériaux de construction comme le ciment ou le fer à béton, aui avaient connu des baisses de prix du fait de la récession en 2009, pourraient bien repartir à la hausse en raison de la croissance attendue dans le secteur de la construction. De quoi encore affecter la rentabilité des promoteurs.

Pierrick Pédel
L’Express dimanche No 17188 - 14 Mars 2010